Comment dormir tranquilles alors
que le bruit des bottes se réveille, étouffé encore pour l’instant par le
bruissement des billets qui vous dépossèdent ?
Et bien c’est bien simple, il
suffit d’être Français.
Vous avez oublié depuis
longtemps que vos pères sont morts pour vous préserver un semblant de
territoire où vos égos puissent croire qu’ils sont encore maîtres de leurs
destins.
Mais tentez le coup, ne
serait-ce qu’une fois dans votre pitoyable vie, ouvrez les yeux et observez le
monde qui vous entoure en oubliant de croire que vous en êtes le centre.
Que voyez-vous ?
Oui, là, au-delà du rectangle
lumineux de votre télé ou de votre ordinateur…
Ce que vous voyez et bien ce
sont d’autres personnes qui comme vous croient qu’elles sont le centre du monde
et qu’il est donc normal que tout leur parvienne afin qu’elles puissent
consommer toujours et toujours plus, sans se poser de questions sur le pourquoi
du comment ce qu’elles possèdent est si peu cher, en ayant de fait tué chez elles
l’envie de produire de leurs propres mains ce qui leur est parfois nécessaire
et souvent superflu et en les dépouillant à jamais des connaissances acquises
par leurs aïeux pour s’en sortir seuls.
Regardez maintenant au loin vers
ces pays où la population crève pour vous fournir ce que vous croyez vous être
indispensable sans souvent pouvoir elle-même se le payer.
Observez les gens qui font travailler
ces esclaves modernes.
Votre argent va dans leurs poches
et quand ils jugent en avoir assez ils l’utilisent pour venir acheter un
morceau de votre territoire qui tel un lépreux perd petit à petit ce qui vous
le fait paraître si beau.
Vous ne me croyez pas et pensez
que j’exagère ?
Vous devez certainement avoir
raison mais on doit alors avoir inventé le terme de touristes longues durées au
sein de concessions à très longs termes.
Mais bon ce n’est qu’une
gangrène progressive, lente et ayant tous les aspects de la légitimité.
Parlons maintenant de la
légitimité de la force.
Le pays qui vous abrite (pour
quelques temps encore) ne doit pas vous empêcher d’observer que le monde qui
vous entoure bouge et que la notion de frontières devient de plus en plus un
mot existant encore dans le dictionnaire mais de moins en moins dans la vie
réelle.
On a l’impression qu’une
gigantesque partie d’un jeu de stratégie en temps réel, doublé d’un poker
menteur, se déroule sous vos yeux qui ne veulent pas voir et dont le fracas des
actions militaires ne parvient pas à vos oreilles qui ne veulent pas
l’entendre. La notion que ce qui se passe ailleurs pourra bientôt se passer
chez vous, vous échappe encore.
A ce jeu des alliances où la
force, l’argent et les ressources du sol feront de votre futur un monde où vous
n’aurez plus votre mot à dire face à des géants qui n’en auront rien à faire de
vos petits sursauts d’un orgueil bien mal placé.
Et un jour, où, dans un dernier
sursaut de vouloir exister, vous prendra l’idée de bomber le torse seul, pour
essayer d’arrêter les chars, vous me rejoindrez dans cet état qui me permet
d’être aussi franc avec vous, la Mort.
Vous vous rendrez peut-être
alors compte de la fatuité de vos existences toutes entières tournées sur Vous
alors que vous n’êtes que des poussières que le souffle des puissants disperse
à sa guise.
Tout cela parce que vous êtes
seuls, égoïstes, sans un regard pour les Autres, trop souvent semblables à
vous, alors que si vous vous étiez rendu compte qu’ensembles vous deveniez une
poussière plus difficile à déplacer, et bien vous auriez franchi un sacré pas
pour avoir une chance de vous en tirer.